Comprendre la démence : l’importance de la santé physique et du contexte social

 « Les chercheurs et les cliniciens doivent savoir composer avec la complexité de la démence afin d’acquérir une compréhension plus claire de la personne dans son ensemble et des risques auxquels elle est confrontée. Cette approche aura un impact direct sur la qualité de vie et la qualité des soins reçus par les personnes vivant avec la maladie. » Dre Melissa Andrew

 

La philosophie de recherche et la pratique clinique de la docteure Melissa Andrew s’inscrivent dans un contexte d’un nombre croissant de conversations sur la nécessité d’élaborer des traitements holistiques pour la démence, à un stade précoce de la maladie. Des traitements qui tiennent compte non seulement de l’état physique de chaque personne, mais aussi de son environnement et de sa situation.

 

En tenant compte des facteurs de risque « non traditionnels » de la démence — et en les considérant dans leur ensemble plutôt qu’un seul à la fois — la docteure Andrew croit que les chercheurs arriveront à mieux comprendre comment la maladie se présente et la meilleure façon de la détecter et de la traiter en clinique.

 

Il s’agit d’une différence notable par rapport à l’approche conventionnelle dans laquelle les chercheurs souhaitent recruter des cas « purs » de démence qui sont isolés des autres facteurs qui apparaissent avec le vieillissement. Les participants à des essais et des études ont tendance à être sélectionnés parce qu’ils « n’ont pas d’autres problèmes de santé », explique la docteure Andrew. Cela tranche avec les patients qui se présentent à la clinique, qui ont tendance à être « plus vieux, davantage des femmes que des hommes, socialement vulnérables et à avoir des difficultés fonctionnelles et de nombreux problèmes de santé globale ».

 

Il est entendu que la sélectivité est logique d’un point de vue pratique en ce sens qu’elle donne aux chercheurs une meilleure compréhension des effets de ce qui est évalué dans le cadre d’une étude ou d’un essai. Malheureusement, cela fait en sorte d’exclure le « vrai visage de la démence » en laissant de côté les personnes plus âgées, plus fragiles et atteintes de plusieurs problèmes de santé.

 

Cet écart entre les essais cliniques et la pratique clinique ont miné les progrès de la recherche qui pourraient avoir une incidence directe sur la qualité de vie et la qualité des soins reçus par les personnes atteintes de démence. Par conséquent, les chercheurs et les cliniciens doivent savoir composer avec la complexité de la démence afin d’acquérir une compréhension plus claire de la personne dans son ensemble et des risques auxquels elle est confrontée.

 

Découvertes récentes

Les recherches de la docteure Andrew se déroulent au sein du Consortium canadien en neurodégénérescence associée au vieillissement (CCNV). Le CCNV agit comme un accélérateur de la recherche au sein d’équipes à travers le Canada dans le but de mieux comprendre la façon dont se présente réellement la démence.

 

Plus précisément, l’objectif de l’étude COMPASS-ND est d’étudier la démence sous toutes ses formes, y compris les cas où il y a de multiples pathologies en cause, comme la maladie d’Alzheimer et les maladies vasculaires cérébrales, qu’on appelle la démence « mixte ». Cette approche globale est prise afin d’examiner ce que ces maladies neurodégénératives ont en commun, ainsi que ce qui les différencie. Cette façon de faire contribuera au diagnostic, à mieux comprendre la maladie et à faire en sorte de prévenir l’apparition de la démence sous toutes ses formes.

 

Pour leur part, la docteure Andrew et son équipe ont récemment découvert que lorsque la fragilité s’aggrave, elle peut mener à un déclin de la fonction cognitive et vice versa. Comprendre, évaluer et traiter la grande majorité des personnes atteintes de démence nécessite donc la prise en compte d’un large éventail de facteurs qui apparaissent avec le vieillissement plutôt que de s’attarder à la démence de manière isolée.

 

Plus précisément, la docteure Andrew recommande de mesurer l’état de santé général à l’aide d’outils comme l’évaluation gériatrique complète et l’échelle de fragilité clinique. Ces outils peuvent aider à quantifier les nombreux problèmes qui peuvent apparaître avec la vieillesse tout en démontrant, en même temps, leur impact sur la cognition.

 

En d’autres termes, ce qui se passe « en bas de la tête » a une grande influence sur ce qui se passe « dans la tête ». Et puisque la fragilité et le déclin cognitif sont liés de cette façon, les stratégies axées sur l’une peuvent avoir des effets bénéfiques sur les deux.

 

Que nous réserve l’avenir?

L’équipe prévoit évaluer quelles répercussions les troubles cognitifs, la fragilité et le contexte social (la vulnérabilité sociale, le niveau de scolarité et le statut d’emploi) ont sur la qualité de vie et si ces répercussions varient entre les femmes et les hommes.

 

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