Une étude de génétique sur la démence à corps de Lewy permet de mieux comprendre les mécanismes pathologiques sous-jacents

Cette étude est une première étape importante pour comprendre les aspects génétiques de la démence à corps de Lewy et aider à clarifier la contribution de la génétique dans l’apparition de cette maladie et sa relation avec d’autres maladies neurodégénératives.

La démence à corps de Lewy (DCL), la deuxième forme la plus courante de démence chez les personnes âgées, après la maladie d’Alzheimer, est caractérisée par une difficulté à marcher, par des fluctuations de la capacité de rester alerte, de mouvements abondants pendant le sommeil, des hallucinations visuelles et des changements d’humeur, en plus de troubles cognitifs.

Malgré la prévalence de la maladie et l’impact de ses symptômes, la DCL fait encore l’objet de très peu de recherches. Elle tend à être éclipsée par des maladies apparentées mieux connues, la maladie d’Alzheimer et la maladie de Parkinson. En fait, la DCL est souvent considérée comme faisant partie d’un spectre de la démence qui se situe entre la maladie d’Alzheimer et la maladie de Parkinson.

Dans la même veine, les recherches portant sur les associations génétique ont longtemps soutenu l’idée qu’il y avait un chevauchement génétique entre la DCL, la maladie de Parkinson et la maladie d’Alzheimer. Pourtant, le nombre limité de participants à ces études faisait en sorte qu’il était impossible d’en tirer des conclusions probantes.

Pour mieux comprendre les fondements génétiques de la DCL, une équipe de chercheurs — financée en partie par le Consortium canadien en neurodégénérescence associée au vieillissement (CCNV) —  a récemment entrepris une étude d’association pangénomique (« genome-wide association study – GWAS ») afin d’identifier les facteurs de risque génétiques.

Ces travaux, publiés dans le numéro de janvier 2018 de la revue Lancet Neurology, constituent « l’étude génétique sur la démence à corps de Lewy la plus complète et ayant la plus grande puissance statistique à ce jour. »

Les GWAS analysent les informations génétiques d’un grand nombre de personnes afin de déterminer quelles variations génétiques individuelles sont associées à l’apparition chez certaines personnes de maladies comme la DCL. Ces études ont grandement contribué à améliorer notre compréhension de la démence en général.

Les résultats de cette GWAS sur la DCL montrent que, au lieu d’être une combinaison des profils génétiques qui sous-tendent la maladie de Parkinson et la maladie d’Alzheimer, la DCL possède son propre profil génétique. De plus, ils suggèrent que l’héritabilité génétique de la DCL est de 36 % (une héritabilité génétique de 0 % signifierait que l’apparition d’une maladie n’aurait aucun rapport avec sa constitution génétique, alors qu’une héritabilité génétique de 100 % signifierait que la maladie dépend entièrement de sa constitution génétique).

Cette caractérisation complète de l’architecture génétique de la DCL représente une étape importante pour en arriver à mieux comprendre les causes non seulement de la DCL, mais peut-être aussi de la maladie de Parkinson et de la maladie d’Alzheimer, et à mieux évaluer leurs caractéristiques communes et leurs différences.

« Cette étude est un excellent exemple de la force des recherches collaboratives utilisant les mégadonnées auxquelles le CCNV peut contribuer. » Dr Richard Camicioli, Professeur, Département de médecine, Division de neurologie Université de l’Alberta; Chef d’équipe, Équipe de recherche sur la démence à corps de Lewy du CCNV

Ces connaissances auront des répercussions sur le diagnostic et le traitement — qui dépendent de notre capacité à modifier avec succès certaines protéines spécifiques qui sont impliquées dans le mécanisme pathologique de la maladie. Au fur et à mesure que nous aurons un portrait plus complet du spectre de la démence — de la maladie de Parkinson à la maladie d’Alzheimer — le modèle actuel avec lequel les chercheurs travaillent (c.-à-d., celui comportant des catégories distinctes de diagnostic de démence) pourrait se transformer en une vision plus globale de ces maladies neurodégénératives.

Nous sommes reconnaissants de l’appui du CCNV, grâce auquel les chercheurs canadiens peuvent faire partie d’un qui étudie la génétique de la DCL, parce que la complexité de la génétique associée à la DCL exige l’étude d’un très vaste ensemble de données composé de cas provenant de partout dans le monde. Ce n’est qu’ensemble que nous obtiendrons suffisamment de puissance d’analyse statistique pour distinguer les mutations génétiques liées aux maladies des variantes sans conséquence.

Plus de la moitié de l’héritabilité de la DCL doit encore être expliquée, donc la prochaine étape consistera à réaliser le séquençage du génome entier des échantillons recueillis.

Pour de plus amples renseignements sur cet article, consultez l’article suivant : https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/29263008

Pour de plus amples renseignements sur la DCL et les services associés, consultez ce site : http://www.alzheimer.ca/fr/Home/About-dementia/Dementias/Lewy-Body-Dementia

Les points de vue et les opinions exprimés par les blogueurs invités sont ceux des auteurs (chercheurs du CCNV) et ne reflètent pas nécessairement le point de vue du Consortium canadien en neurodégénérescence associée au vieillissement et de ses organismes partenaires.

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