Comment la banque de cerveaux de Calgary contribue à l’avancement de la recherche sur la démence

Blogueurs invités

Le texte suivant est une contribution de nos blogueurs invités, Jeffrey T. Joseph, M.D., Ph. D., et Eric E. Smith, M.D., M.P.H., Neurologiste.

Crédit photo : Thomas Kryton

 

Le cerveau humain est unique de par la fonction, la structure et la perte de ses neurones. Par conséquent, il a des limites à ce que l’on peut apprendre des modèles animaliers sur les maladies neurodégénératives, telles que les troubles vasculaires cognitifs ou la maladie d’Alzheimer.  Malgré que des chercheurs aient étudié les maladies neurodégénératives depuis plus de 30 ans, le diagnostic de démence s’effectue encore en milieu clinique, où des médecins se fient à des signes et comportements révélateurs pour n’offrir qu’un diagnostic probable de démence. Ainsi, il existe toujours un certain degré d’incertitude quant à ce qui cause la démence.

 

Un diagnostic incontestable de démence et l’identification des causes de cette maladie n’est possible qu’après la mort. C’est pourquoi le don de cerveaux après la mort ainsi que l’autopsie de ces cerveaux permettant aux chercheurs d’analyser les tissus cérébraux au microscope sont essentiels et font avancer la recherche sur la prévention, le traitement, et sur la qualité de vie pour plus de 546 000 Canadiens vivant avec une démence.

 

Afin de favoriser la recherche sur les cerveaux de personnes décédées, le Consortium canadien sur la dégénérescence associée au vieillissement compte cinq banques de cerveaux à travers le Canada, opérant sous la direction du Dr Ian Mackenzie. Ces centres reçoivent des dons de cerveaux et fournissent des échantillons de tissu cérébral aux chercheurs, ce qui leur donne accès aux cellules, gènes et protéines du cerveau humain. Afin d’avoir accès à des échantillons de tissus cérébral d’un cerveau humain, un chercheur doit avoir reçu l’approbation du comité d’éthique de son institution.

 

En 2014, grâce à deux subventions privées, nous avons mis sur pied une banque de cerveaux dans la ville de Calgary. Au début, nous n’acceptions que des dons de cerveaux de personnes décédées qui souffraient de démence, mais à la demande de chercheurs, nous acceptons maintenant également les dons de cerveaux de personnes qui ont souffert de troubles du mouvement, de sclérose en plaques, et également des dons de cerveaux de personnes qui étaient en santé.

 

Afin de rendre les tissus cérébraux utiles pour d’autres chercheurs, nous les avons catalogués en effectuant un dépistage pour la maladie d’Alzheimer, pour les synucléinopathies, tauopathies, pour les démences fronto-temporales, ainsi que pour les maladies vasculaires, et avons effectué une coloration  pour identifier des protéines spécifiques, telles que les bêta-amyloïdes, tau, alpha-synucléines et TDP-43.

 

Les moyens de conservation des cerveaux que nous utilisons incluent la congélation, à l’aide de vapeur d’azote, de petits échantillons de certaines régions du cerveau (p. ex. l’hippocampe ou l’aire 9 de Brodmann), mais nous conservons également des tissus fixés à la formaline, ou fixés et enrobés de paraffine. Nous entreposons les échantillons de tissu cérébral dans des fioles avec codes à barres à des températures de -80 °C. Nous pouvons également offrir des lames histologiques provenant des blocs ayant servis à l’autopsie des cerveaux. Pour les chercheurs basés près de Calgary, il est possible de d’obtenir des échantillons de tissu cérébral frais.

 

Afin de mieux répondre à certaines questions de recherche, il est possible de modifier la façon dont les échantillons sont préparés et entreposés. La banque de cerveaux de Calgary entrepose présentement environ 80 cerveaux – quatorze proviennent de personnes avec un stade avancé de la maladie d’Alzheimer, onze cerveaux proviennent de personnes qui souffraient de démence à corps de Lewy, cinq cerveaux sont de personnes qui étaient atteintes de paralysie supranucléaire progressive, et 25 cerveaux sont de personnes en santé. Dans le futur, nous prévoyons obtenir également des cerveaux de patients qui ont soufferts de maladies neurodégénératives liées à l’inflammation, telles que la sclérose en plaques.

 

Pour plus d’information, veuillez contacter Jeffrey T. Joseph, M.D., Ph. D. (jtjoseph@ucalgary.ca) ou la University of Calgary Brain Bank (ucbb@ucalgary.ca).

 

Les points de vue et les opinions exprimés par les blogueurs invités sont ceux des auteurs (chercheurs du CCNV) et ne reflètent pas nécessairement le point de vue du Consortium canadien en neurodégénérescence associée au vieillissement et de ses organismes partenaires.

 

 

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