Le texte suivant est une contribution de notre blogueuse invitée, Lindsay Wallace
D’ici 2031, on s’attend à ce que 1,4 million de Canadiens développent une certaine forme de troubles cognitifs.
L’impact de la maladie d’Alzheimer, la forme la plus courante de démence, sur les personnes vivant avec la maladie, sur les familles, les fournisseurs de soins de santé, le système de santé et sur l’économie est énorme. Récemment, lors d’une conférence internationale sur la démence, la docteure Margaret Chan, ancienne directrice générale de l’Organisation mondiale de la santé, a déclaré qu’elle ne pouvait « penser à aucune autre maladie pour laquelle l’innovation, y compris des découvertes révolutionnaires pour mettre au point un remède, était autant nécessaire ».
Jusqu’à présent, les traitements pharmacologiques n’ont pas réussi à arrêter la progression de la maladie — peut-être parce qu’ils ciblent seulement les plaques et les enchevêtrements dans le cerveau qui ont longtemps été associés à la maladie d’Alzheimer. Nous savons maintenant que la présence de plaques et d’enchevêtrements dans le cerveau n’est pas toujours un indicateur fiable pour détecter qui finira par développer la démence. De nombreuses personnes reçoivent un diagnostic de maladie d’Alzheimer et ne présentent que très peu de plaques et d’enchevêtrements, tandis que d’autres n’ont pas de troubles cognitifs, mais semblent avoir beaucoup de plaques et d’enchevêtrements.
Nous savons également que la majorité des gens qui sont atteints de démence sont âgés et ont beaucoup d’autres problèmes de santé. Malheureusement, ces personnes sont souvent exclues des essais cliniques portant sur les médicaments contre la maladie d’Alzheimer parce que l’on croit que leurs autres problèmes médicaux pourraient compliquer notre compréhension de la façon dont la maladie se développe.
À la lumière de ces résultats, notre équipe de recherche — qui travaille au sein du Consortium canadien en neurodégénérescence associée au vieillissement — part du principe que plus une personne est frêle (ou plus elle a de problèmes de santé), plus elle sera vulnérable et sujette à développer d’autres problèmes de santé. Plus précisément, notre groupe étudie l’évolution des maladies neurodégénératives, comme la maladie d’Alzheimer, afin de comprendre comment la fragilité peut influencer son apparition et ainsi trouver des stratégies de prévention et de traitement efficaces.
Nos travaux les plus récents suggèrent que la fragilité peut rendre les personnes plus susceptibles de développer la démence, puisque la fragilité abaisse le seuil du nombre de plaques et d’enchevêtrements nécessaires pour développer la démence. En d’autres mots, chez les personnes frêles, moins de plaques et d’enchevêtrements peuvent être nécessaires pour provoquer les troubles cognitifs caractéristiques de la démence. Par exemple, chez deux personnes qui ont la même quantité de plaques et d’enchevêtrements, la personne qui est plus frêle sera plus sujette à développer une démence. Si tel est le cas, cela signifie que nous pouvons traiter la fragilité — dès l’âge mûr — pour réduire le risque de démence.
Jusqu’à présent, les traitements prometteurs contre la fragilité ciblent plusieurs facteurs liés au mode de vie, y compris l’exercice, la nutrition, le bien-être psychologique et l’engagement social. Plus de recherches sont nécessaires pour bien comprendre comment la fragilité peut influencer l’évolution de la maladie d’Alzheimer et d’autres formes de démence, de façon à ce que nous puissions cibler les traitements de la manière la plus efficace possible. Notre équipe poursuit ses travaux dans ce domaine, ainsi que dans d’autres domaines clés, tels que la polypharmacie chez les personnes atteintes de démence, et comment le sexe et le genre influencent le risque de démence.
Pour en savoir plus sur ces travaux passionnants, consultez la section Nouvelles du CCNV où des mises à jour sont publiées.
Les points de vue et les opinions exprimés par les blogueurs invités sont ceux des auteurs (chercheurs du CCNV) et ne reflètent pas nécessairement le point de vue du Consortium canadien en neurodégénérescence associée au vieillissement et de ses organismes partenaires.