Tout au long de ma carrière, j’ai appuyé la recherche sur les traitements contre la démence, qui permettront d’améliorer la qualité de vie des personnes vivant avec la démence en réduisant les symptômes et en ralentissant la progression de la maladie. Mais nos progrès en tant que chercheurs sont lents. Trop lents.
Plus de recherches et davantage de ressources sont nécessaires si nous voulons obtenir les mêmes percées qui ont été faites pour d’autres problèmes de santé publique, comme le VIH-SIDA et le virus Ebola, grâce à d’importants investissements gouvernementaux dans ces domaines.
Selon les Instituts américains de la santé, nos voisins des États-Unis ont dépensé environ 991 millions de dollars pour la recherche sur la maladie d’Alzheimer et la démence en 2016. Au Royaume-Uni, le gouvernement de l’ancien premier ministre David Cameron qui était un promoteur de ce dossier a investi 66 millions de livres sterling dans la recherche, selon Alzheimer’s Research UK. Cela représente un doublement du financement pour la recherche sur la démence depuis 2009-2010 et équivaut à 3 % de l’investissement total dans la recherche médicale au Royaume-Uni.
Alors, comment le Canada se compare-t-il à ces deux pays et aux autres pays du G7 dans le financement de la recherche sur la démence? Selon les données des Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC), pour l’année financière 2012-2013, nous avons dépensé 52 millions de dollars sur la démence. C’est 5 % du budget total d’un milliard de dollars que les IRSC consacrent à la recherche en général. Au cours de la même période, les IRSC ont investi 170,5 millions de dollars pour la recherche sur le cancer (ou 17 % du budget total), 99,2 millions de dollars pour la recherche cardiovasculaire (ou 10 % du budget total) et 17,9 millions de dollars pour la recherche sur l’AVC (ou 2 % du budget total).
Il faut mettre ces investissements en contexte. Actuellement, on estime que 564 000 Canadiens vivent avec une démence. D’ici 2031, ce chiffre devrait grimper à 937 000, soit une augmentation de 66 %. Les données sur la prévalence de diverses maladies chroniques fournies par l’Agence de santé publique du Canada et Statistique Canada montrent que 1,3 million de Canadiens vivent avec une maladie cardiovasculaire et plus de 400 000 Canadiens vivent avec une incapacité de longue durée associée à un accident vasculaire cérébral. Peu importe comment vous analysez ces chiffres, il est clair que la recherche sur la démence est terriblement sous-financée.
La maladie d’Alzheimer et les autres formes de démence constituent actuellement l’un des plus grands défis en matière de santé publique au Canada — aussi important que le cancer, les maladies cardiaques et les accidents vasculaires cérébraux. Globalement, on considère la démence comme une épidémie. Nous devons faire notre part ici au Canada.
Malgré une mobilisation bienvenue du gouvernement dans la Stratégie de recherche sur la démence des IRSC et la création du Consortium canadien en neurodégénérescence associée au vieillissement, notre investissement dans la recherche sur la démence demeure faible. Une stratégie nationale sur la démence contribuera à accélérer les investissements dans tous les domaines de la recherche, y compris la recherche fondamentale, la recherche clinique et la recherche sur la qualité de vie. Néanmoins, le Canada devra accroître substantiellement les recherches financées par le secteur public et les infrastructures connexes.
Les populations vieillissent beaucoup plus vite qu’auparavant. L’an dernier, Statistique Canada a signalé que, pour la première fois dans notre histoire, le Canada comptait plus de personnes âgées que d’enfants. Un engagement à augmenter le financement public pour la recherche sur la démence est le meilleur point de départ.