En 2016, on recensait 402 000 personnes vivant avec une démence au pays (en ne comptant pas les cas en Saskatchewan), et environ 76 000 nouveaux cas sont diagnostiqués chaque année. Compte tenu de la croissance anticipée du nombre de personnes qui seront touchées par la démence dans les prochaines années, il est impératif d’apporter des améliorations drastiques et immédiates aux stratégies de prévention et de traitement de la démence, ainsi qu’à la qualité des soins et services fournis en contexte clinique et dans la collectivité.
Pour ce faire, le Consortium canadien sur la neurodégénérescence associée au vieillissement (CCNV) a été établi en 2014, et ce suite aux engagements pris par le Canada lors du 38e sommet du G8. Le CCNV tire parti des forces en recherche multidisciplinaire au pays, favorise la recherche scientifique collaborative et vise à établir un équilibre entre la recherche portant sur les soins et celle en quête d’une cure.
Le 17 Juin, 2019, le principal partenaire du CCNV, les Instituts de recherche en santé du Canada, a annoncé le renouvellement du mandat du CCNV pour une deuxième phase (de 2019 à 2024). L’équipe de leadership scientifique et les organisations partenaires continueront de soutenir 19 équipes de recherche à travers le pays dans leurs efforts pour approfondir les connaissances sur les maladies neurodégénératives, y compris une nouvelle équipe étudiant le lien entre le sommeil et la démence. Les chercheurs membres du CCNV bénéficieront également de programmes visant à renforcer les capacités quant à la participation à la recherche de personnes vivant avec une démence, visant à explorer des sujets de recherche et des questions portant sur les soins de santé des peuples autochtones, et visant également à approfondir les connaissance sur des sujets liés aux femmes, au genre, au sexe et à la démence. Avec le passage du CCNV en phase deux, le Canada se trouve également en bonne position pour devenir un leader dans la prévention de la démence grâce à une nouvelle plateforme, CAN-THUMBS UP. L’infrastructure et le protocole de recherche en cours de création pour cette plateforme permettront aux chercheurs du CCNV de se pencher sur des sujets qui cadrent avec les initiatives internationales sur la prévention pour leurs recherches portant sur les associations d’habitudes saines de vie telles que l’activité physique, l’entraînement cognitif et l’alimentation chez des personnes présentant un risque élevé de démence avec l’âge.
Fait important à souligner, la majorité des équipes de chercheurs du CCNV testent leurs hypothèses de recherche avec les données recueillies dans le cadre de l’étude clinique du CCNV, COMPASS-ND, et pourront sous peu diffuser leurs résultats de recherche au grand public, aux cliniciens et aux décideurs.
D’ici le mois de mai 2020, 1650 Canadiens âgés de 50 à 90 ans qui vivent avec une démence ou qui courent le risque de développer une démence prendront part à l’étude COMPASS-ND dans l’un des 30 centres de recrutement au pays.
Jusqu’à maintenant, la plupart des études sur le déclin cognitif associé à l’âge ont porté sur des types précis de démence, n’incluant que des cas dits « purs » de démence. Et pourtant, la plupart des patients qui consultent les cliniciens ne sont pas atteints de formes pures de démence, mais plutôt de plusieurs troubles cognitifs concomitants, comme la maladie d’Alzheimer et la démence vasculaire. Par ailleurs, nombre de personnes sont également frêles et présentent d’autres affections telles une maladie du cœur, des poumons ou des reins, par exemple.
« Nous tentons de recueillir des données exhaustives de nature physique, biologique, sociale, psychologique et génétique, ainsi que des données d’imagerie cérébrale, auprès de personnes subissant des pertes de mémoire et vivant avec une démence qui n’ont pas été sélectionnées selon une définition de la maladie aussi restreinte que lors d’une étude clinique portant sur un médicament, par exemple. Ces données sont plus représentatives de la situation réelle des personnes développant un démence. Les renseignements recueillis permettront à des douzaines de chercheurs du CCNV de répondre à des questions précises et importantes au sujet d’un grand nombre de problèmes associés aux maladies neurodégénératives. Les réponses obtenues pourraient se traduire par des avancées scientifiques donnant lieu à de meilleurs soins et traitements », a expliqué le Dr Howard Chertkow, directeur scientifique du CCNV.
Après avoir jeté ces bases, les chercheurs du CCNV pourront commencer à résoudre les mystères propres à chaque personne qui présente de multiples troubles cognitifs et de santé, c’est-à-dire à évaluer les conséquences indépendantes de chacun des troubles pris individuellement, ou considérés dans leur ensemble. Cette démarche aidera à diagnostiquer la démence, à comprendre cette maladie, et vise, à terme, à prévenir l’apparition de la démence sous toutes ses formes.
Cette démarche holistique correspond à celles présentées en 2018 dans la prise de position sur la démence de l’InterAcademy Partnership et dans le rapport The state of the art of dementia research : New Frontiers. Ce dernier, publié par Alzheimer’s Disease International, se penche sur un large éventail de domaines de recherche, notamment la science fondamentale, le diagnostic, la découverte de médicaments, la réduction du risque et l’épidémiologie.
Selon le Dr Chertkow : « Cette décennie est cruciale pour l’avancement des connaissances sur les maladies neurodégénératives. Nous sommes d’avis qu’en utilisant l’infrastructure et les équipes du CCNV, nous pouvons réaliser des progrès considérables dans le traitement et la prévention de la démence de même que dans l’amélioration de la qualité de vie des Canadiens vivant avec une maladie causant une démence ».