Cet article a été rédigé par les Drs Ashley Curtis, Mario Masellis, Richard Camicioli, Heather Davidson et Mary Tierney, chercheurs du CCNV.
La maladie de Parkinson touche principalement le contrôle des fonctions motrices. Les symptômes de la maladie apparaissent progressivement et sont la conséquence de la dégénérescence du système nerveux central. Les symptômes comprennent des tremblements, de la difficulté à marcher, un ralentissement des mouvements et une rigidité des muscles. Les personnes qui en sont atteintes éprouvent également des troubles comportementaux et cognitifs. Cela ne signifie pas que toutes les personnes qui vivent avec la maladie de Parkinson présentent une démence, mais plutôt que des troubles cognitifs qui ont une incidence sur la pensée se manifestent chez toutes ces personnes.
On ne comprend pas encore complètement quelles régions du cerveau sont touchées par cette maladie. La plupart des études menées sur la maladie de Parkinson ne comparent pas les participants à des groupes témoins de personnes en santé qui ont le même âge et qui ne sont pas atteintes de la maladie. De tels groupes témoins permettraient aux chercheurs d’établir des standards sur lesquels ils pourraient fonder leurs comparaisons et étayer leurs conclusions. Dans le cas du sujet qui nous intéresse, des groupes témoins sont nécessaires pour déterminer si les troubles cognitifs des personnes atteintes de la maladie de Parkinson (mais pas de démence) sont le résultat de mécanismes propres à la maladie de Parkinson ou plutôt liés au vieillissement normal du cerveau.
Nous savons qu’il y a des différences entre les sexes quant à la prévalence de la maladie de Parkinson. Par exemple, nous savons que les hommes sont plus susceptibles de développer la maladie que les femmes, et que ces dernières tendent à éprouver des symptômes moteurs moins évidents que les hommes. Cela dit, les différences observées entre les sexes sur le plan des performances cognitives des personnes atteintes de la maladie de Parkinson varient grandement et les observations de ces performances sont généralement tirées de rapports qualitatifs.
Développer nos connaissances du profil cognitif des personnes atteintes de la maladie de Parkinson (mais pas de démence) et sur les différences existant au chapitre des troubles cognitifs entre les hommes et les femmes nous permettra de mieux comprendre l’ensemble des mécanismes cognitifs sous-jacents à cette maladie.
Pour ce faire, notre équipe de recherche, qui œuvre au sein du Consortium canadien en neurodégénérescence associée au vieillissement (CCNV), a analysé les résultats de nombre d’études (c’est-à-dire qu’elle a mené une méta-analyse des études publiées) dans le but de comparer la performance des personnes atteintes de la maladie de Parkinson (mais pas de démence) à celle de groupes témoins sur trois aspects des fonctions cognitives : les fonctions exécutives, la mémoire verbale et les habilités visuospatiales. Nous avons également examiné si les hommes et les femmes atteints de la maladie de Parkinson présentent des différences sur le plan du degré d’atteinte de ces fonctions cognitives.
Nos résultats, qui ont été publiés dans Parkinsonism & Related Disorders, ont révélé que les personnes atteintes de la maladie de Parkinson (mais pas de démence) éprouvent des troubles modérés dans les trois domaines cognitifs comparativement aux groupes témoins. Nous avons également découvert des différences significatives entre les sexes sur le plan des fonctions exécutives : les hommes atteints de la maladie de Parkinson présentent plus de difficultés que les femmes (comparativement aux hommes et femmes des groupes témoins). Nous nous sommes également penchés sur les effets potentiels de la durée de la maladie, de la gravité des symptômes moteurs, du niveau de scolarité, de la présence de dépression et de la dose des médicaments antiparkinsoniens et avons déterminé qu’aucun de ces facteurs n’est associé à des troubles cognitifs dans les domaines que nous avons examinés.
Les données que nous avons recueillies suggèrent que le profil des personnes atteintes de la maladie de Parkinson qui n’ont pas reçu de diagnostic de démence est caractérisé de façon importante par un trouble cognitif généralisé. Des facteurs liés au sexe pourraient protéger les femmes (qui sont atteintes de la maladie de Parkinson, mais pas de démence) contre une grave atteinte des fonctions exécutives (par exemple par la présence d’œstrogènes, qui ont des effets protecteurs contre la perte de dopamine). Nos résultats viennent enrichir le corpus croissant de données sur les différences entre les femmes et les hommes atteints de la maladie de Parkinson. Ces connaissances pourraient faciliter le traitement clinique de cette maladie en fonction du sexe.
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Les idées et les opinions exprimées dans cet article sont celles des auteurs (chercheurs du CCNV) et ne reflètent pas nécessairement celles du Consortium canadien en neurodégénérescence associée au vieillissement et de ses organisations partenaires.