Santé mentale : un important chaînon manquant dans la compréhension de la fragilité et de la démence

Cet article a été rédigé par notre blogueuse invitée, la docteure Sarah Pakzad, Ph. D., L. Psych., chercheuse du CCNV.

Comme la fragilité augmente le risque de problèmes de santé, y compris le risque d’hospitalisation, de chutes, d’incapacités et même de mortalité, une mesure adéquate et une description précise de la fragilité demeurent des priorités tant en recherche qu’en contexte clinique.

L’indice de fragilité, l’échelle de fragilité clinique et le phénotype de fragilité s’avèrent être des outils pratiques dans le domaine de la gériatrie; cela dit, peu d’attention a été portée à l’évaluation et à l’amélioration de la santé mentale chez les personnes frêles (Halil et al., 2015).

D’abord, précisions que la fragilité est déjà identifiable par des indicateurs cliniques. Il s’agit d’un état de vulnérabilité accrue qui est le résultat d’un déclin des capacités fonctionnelles lié à l’âge. De plus, comme la fragilité a été récemment associée à des troubles cognitifs et à la démence, des chercheurs commencent à prendre en considération l’état cognitif et le bien-être psychologique des personnes frêles afin de mieux définir le syndrome de la fragilité (Langlois et al., 2012). Non seulement cette information brossera un tableau plus clair de la fragilité, mais elle aidera à bâtir une résistance aux troubles cognitifs et à améliorer la santé mentale des personnes frêles (Rolfson et al., 2013).

Autrement dit, l’ajout d’une évaluation des capacités cognitives à l’indice de fragilité fournira d’importants renseignements qui manquaient jusqu’alors et qui permettront d’obtenir de meilleurs résultats.

Afin d’adresser ce manque, notre équipe de recherche a décidé d’utiliser des tests neuropsychologiques pour évaluer la probabilité de démence et aider à prodiguer des soins de longues durées appropriés aux personnes âgées. Pour ce faire, nous avons élaboré une méthode qui a donné naissance à un nouvel outil, l’indice de fragilité neurocognitif (IFN).

Notre première étape a été de concevoir cet indice en y incluant à la fois des dimensions physiques et neurocognitives. Pour y arriver, nous avons employé des données provenant de la Canadian Study of Health and Aging dans le but de créer et de valider l’IFN. Les résultats que nous avons obtenus indiquent que l’IFN permet de prédire la démence avec une grande exactitude (de plus de 90 %).

Nous avons ensuite établi des normes pour les personnes âgées présentant de l’hypertension, du diabète ou des antécédents de maladies cardiaques. Cette étape a aidé à prédire la probabilité que ces personnes soient atteintes de démence et placées en centre d’hébergement. Nous travaillons présentement à l’élaboration de normes pour les personnes âgées qui ne vivent pas avec un trouble neurocognitif ou avec d’autres graves problèmes de santé.

L’IFN a l’avantage de pouvoir repérer les personnes qui courent un risque de développer une démence au sein de la population âgée en santé.

Nous espérons que, grâce à nos efforts, l’IFN augmentera la probabilité de diagnostic précoce de démence chez les aînés et facilitera l’instauration d’un traitement approprié en temps opportun qui améliorera leur qualité de vie et la qualité des soins qui leur sont prodigués partout au Canada.

Pour en savoir plus au sujet de ce projet, veuillez écrire à l’adresse sarah.pakzad@umoncton.ca.

Les points de vue et les opinions exprimés par les blogueurs invités sont ceux des auteurs (chercheurs du CCNV) et ne reflètent pas nécessairement le point de vue du Consortium canadien en neurodégénérescence associée au vieillissement et de ses organismes partenaires.

 

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