JMSA2020

Lettre d’opinion de l’équipe 17

 

Pendant le confinement et pour tous les jours qui suivront

Surmonter le paramètre invisible de l’accessibilité à la communication

 

Le 21 mai est la Journée mondiale de sensibilisation à l’accessibilité. De nos jours, la plupart des gens sont conscients de l’importance de l’accessibilité à la mobilité, mais ils sont peu nombreux à reconnaître l’importance de l’accessibilité à la communication pour les personnes vivant avec des handicaps « invisibles », tels que des problèmes auditifs, visuels ou cognitifs.

La COVID-19 expose les personnes âgées à un risque accru, en particulier celles qui souffrent de problèmes de santé tels que le diabète, les maladies pulmonaires chroniques et les problèmes cardiaques. Ce que nous n’avons pas encore pleinement réalisé, c’est ce paramètre invisible qui impacte les personnes vivant avec des déficiences auditives, visuelles ou cognitives. À 75 ans, la moitié des Canadiens sont atteints de déficiences auditives; dès 85 ans, la moitié sont atteints à la fois de déficiences auditives et visuelles. Les personnes ayant une perte sensorielle sont également plus susceptibles d’avoir une déficience cognitive. Il est fréquent que les résidents en soins de longue durée présentent une combinaison de déficiences auditives, visuelles et cognitives. En d’autres termes, les personnes les plus exposées au risque de la COVID-19 peuvent également être celles qui courent le plus grand risque d’isolement en raison de leur besoin d’accessibilité à la communication.

Les problèmes de communication se sont multipliés à mesure que la COVID-19 a modifié les modes d’interaction sociale en raison de la nécessité de se tenir à distance et de porter des masques. Les gens ne peuvent pas se toucher ou s’étreindre. Voir un visage, entendre l’émotion d’une voix ou les mots prononcés à travers un masque est impossible. Les appareils auditifs et les lunettes ne sont pas toujours utilisés lorsque les personnes ont besoin de soins de santé, que ce soit dans une ambulance, aux urgences, aux soins intensifs, aux soins palliatifs ou même lorsqu’elles subissent une intervention chirurgicale non urgente. Dès que les visites sont limitées, les personnes ayant des difficultés de communication se retrouvent seules pour prendre les décisions relatives aux soins de leur santé. Aussi bons soient-ils, les soins de santé ne peuvent être fournis sans accessibilité à la communication.

Durant cette période de stress intense causé par la pandémie, nous devons nous attarder à trouver de nouvelles solutions en matière d’accessibilité à la communication, sinon, il faut espérer en tirer des enseignements utiles afin d’améliorer l’accessibilité à la communication post-COVID.

Les regroupements de personnes vivant avec des handicaps auditifs, visuels et cognitifs, les associations de professionnels spécialisés qui travaillent avec elles, les entreprises manufacturières et les chercheurs qui étudient le vieillissement en bonne santé s’efforcent de trouver de nouvelles solutions canadiennes. Par exemple, des personnes malentendantes et des audiologistes créatifs ont bricolé leurs propres masques en y intégrant un écran transparent et certains utilisent des visières de protection faciale transparentes pour que les gens puissent lire sur les lèvres.

Les chercheurs de l’équipe Interventions à l’interface sensorielle et cognitive du Consortium canadien en neurodégénérescence associée au vieillissement (CCNV) collaborent avec différents partenaires afin de produire des options novatrices d’équipements de protection individuelle de qualité médicale, et ce, pour améliorer l’accessibilité à la communication dans les établissements de soins de santé. Partout au pays, les cliniciens qui œuvrent auprès des personnes ayant des limitations sensorielles et cognitives participent eux-aussi au développement de ces outils pour améliorer la communication patient-clinicien en temps de distanciation sociale, notamment les outils de télésanté. Certains utilisent des outils technologiques plus spécifiques tels la vidéoconférence munie d’amplificateurs personnels, des applications de sous-titrage, de synthèse vocale ou le recours à des interprètes. Cependant, des conseils de communication simples, testés et s’avèrent souvent les plus utiles, pensons à la patience, au discours clair et lent, à l’utilisation d’un bon éclairage, d’un bruit de fond minimal, sans oublier de prendre le temps de s’assurer que votre message soit bien compris par la personne et par son entourage. Voilà quelques pistes pour surmonter le paramètre invisible; nous sommes à la recherche de nouvelles idées et solutions (ccnateam17.ca).

Si chacun de nous prenions davantage conscience de l’importance des sens et de la communication pour surmonter l’isolement, nous en bénéficierons tous collectivement. Faisons une différence visible !

 

Kathleen Pichora-Fuller, Professeur, Psychologie, Université de Toronto

 

Membres du CCNV – Équipe 17:

Natalie Phillips, Professeure, Psychologie, Université Concordia, Montréal

Walter Wittich, Professeur agrégé, Optométrie, Université de Montréal

Jennifer Campos, Professeure agrégée, Psychologie, Université de Toronto et Titulaire d’une chaire de recherche du Canada, University Health Network

Dawn Guthrie, Professeure, Kinésiologie, Université Wilfrid Laurier, Waterloo

Paul Mick, Professeur adjoint, Médicine, Université de Saskatchewan, Saskatoon

J.B. Orange, Professeur, Sciences et troubles de la communication, Université Western, London

Marie Y. Savundranayagam, Professeure adjointe, Études de la santé, Université Western, London

 

Et collègues :

Melissa K. Andrew, Professeure agrégée, Médecine gériatrique, Université de Dalhousie, Halifax

Inbal Itzhak, Spécialiste en transfert de connaissances, CCNV, Montréal

Chantal Kealey, Directrice de l’audiologie, Orthophonie et audiologie Canada, Ottawa

Patricia Kéroack, Spécialiste en communications, CCNV, Montréal

Marilyn Reed, Audiologiste, Baycrest, Toronto

Grace Shyng, Audiologiste et conseillère spéciale, Wavefront Centre for Communication Accessibility, Vancouver

Christopher Sutton, PDG, Wavefront Centre for Communication Accessibility, Vancouver

Lyn Turkstra, Professeure, École des sciences de la réadaptation, Université McMaster, Hamilton

Ruth Warick, Présidente, International Federation of Hard of Hearing People and BC Chapter, Canadian Hard of Hearing Association

 

 

Le jeudi 21 mai 2020

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