« Les cliniciens et les chercheurs doivent travailler ensemble afin de mieux comprendre les interactions entre l’Accident Vasculaire Cérébral (AVC), la maladie vasculaire et la maladie d’Alzheimer afin de s’attaquer à la neurodégénérescence. Vous ne pouvez pas vous concentrer sur une seule maladie et penser que vous allez résoudre l’ensemble du problème. » – Dre Sandra Black
La neurodégénérescence est un genre de combat entre deux processus : un qui détruit lentement les cellules du cerveau et un autre qui essaie de réparer les dégâts et continuer. Selon la docteure Sandra Black, « il n’y a pas seulement les cellules nerveuses qui subissent une attaque, mais aussi les cellules gliales et l’endothélium vasculaire, une famille de cellules apparentées appelée ».La capacité de riposter et de réparer finit par être surpassée et le réseau de cellules proches ou lointaines en vient à succomber. »
Le côté positif, c’est que le cerveau peut s’adapter aux lésions et continuer à fonctionner longtemps pendant ce combat, et nous avons tous une certaine capacité à développer la résilience de notre cerveau face à la perturbation du réseau.
Comment chacun d’entre nous peut prendre des mesures préventives pour renforcer sa résilience cognitive est un sujet étudié présentement au sein de plusieurs équipes du CCNV, y compris les travaux de Sylvie Belleville sur la manière de développer la résilience en participant à des activités significatives et les recherches de Melissa Andrew sur la façon dont l’évolution de la maladie dépend d’une multitude de facteurs, y compris l’environnement social. Les recherches de la docteure Black sont axées sur les effets cumulatifs (et potentiellement interactifs) de plusieurs maladies qui se manifestent dans le cerveau vieillissant.
Celles-ci comprennent notamment la maladie d’Alzheimer et la maladie des petits vaisseaux cérébraux, ainsi que des combinaisons de protéines mal pliées impliquées dans d’autres maladies neurodégénératives, comme la maladie de Parkinson et la démence à corps de Lewy. La complexité de ces maladies conduite aussi à l’élaboration de thérapies combinées, ou « cocktail de médicaments » pour tenir compte des nombreuses cibles impliquées, explique la docteure Black.
Mieux comprendre où ces maladies se croisent oblige les chercheurs à caractériser soigneusement le profil clinique, identifier des motifs dans les gènes et quantifier ce qui est observé dans les tomographies cérébrales et les échantillons de sang et de liquide céphalorachidien, en effectuant parallèlement des études expérimentales afin de découvrir des traitements efficaces.
À cette fin, un grand nombre des contributions de la docteure Black découlent de l’étude longitudinale sur la démence de Sunnybrook, un projet de recherche multidisciplinaire qui a commencé au milieu des années 1990 et qui est toujours en cours. Cette étude comporte des évaluations neurocomportementales et d’imagerie standardisées chez des patients « du monde réel » vus à la clinique de la mémoire de Sunnybrook. Après avoir étudié environ 1300 patients qui répondaient aux critères d’admissibilité de base (c’est-à-dire aucune maladie grave et suffisamment en forme pour effectuer les tests) au fil des ans, il est devenu évident que plusieurs personnes étaient atteintes de la maladie des petits vaisseaux qui apparaît en Imagerie par Résonance Magnétique (IRM) cérébrales comme des taches et des plaques blanches, et des points noirs.
« Environ 95 % des personnes de plus de 65 ans présentent dans une certaine mesure cette maladie des petits vaisseaux, ce qui en fait une maladie très répandue chez les humains vieillissants, et 20 % des personnes de plus de 65 ans présentent des plaques étendues dans la matière blanche, autour des ventricules du cerveau. » Dre Sandra Black
Après près de 200 autopsies de patients, la docteure Black et ses collègues, les docteurs Keith et Gao, ont conclu que ces plaques blanches représentaient un excès de liquide autour des veines profondes du cerveau, dont les parois s’épaississent avec l’âge et l’hypertension artérielle, ce qui rend difficile pour les veines de faire circuler adéquatement le sang et aussi d’éliminer les toxines, comme l’amyloïde, du cerveau.
Depuis 2013, la docteure Black et le docteur Mario Masellis, un expert dans le domaine de la génétique, de la maladie de Parkinson et des syndromes de démence frontale, codirigent le Thème no 2 du CCNV ( traitement) et soutiennent les sept équipes qui le composent. La docteure Black supervise également un laboratoire central pour la conduite d’un certain nombre de projets d’imagerie cérébrale. Son groupe fournit un laboratoire d’analyse d’imagerie structurelle et s’assure du contrôle de la qualité pour la plateforme d’IRM de l’Ontario Neurodegenerative Diseases Research Initiative. Elle partage les services du laboratoire central d’imagerie cérébrale (p. ex., le contrôle de la qualité, les découvertes fortuites et l’analyse volumétrique) avec le docteur Eric Smith de l’Université de Calgary, pour le projet Espoir pour demain financé par les Instituts de Recherche en Santé du Canada (IRSC), l’Alliance canadienne cœurs et cerveaux sains.
Pour ses nombreuses contributions dans le domaine de la démence, il n’est pas étonnant que la docteure Sandra Black ait récemment été nommée membre de l’Ordre du Canada. Tout aussi remarquable est le fait que sa mère, Harriet Black, ait aussi été nommée membre de l’Ordre, il y a plus de 30 ans, pour son implication bénévole remarquable pour améliorer l’éducation, la santé communautaire et le bien-être social, et pour développer les arts à Sault Ste-Marie, où la docteure Black a grandi. Sa mère a souffert de démence dans les dernières années de sa vie et est décédée récemment d’un AVC dans sa 98e année. Elle a été mise en terre l’été dernier dans la région de Sault Ste-Marie, au milieu de sa famille et de ses amis, le jour de l’annonce de l’Ordre du Canada.
Pour reprendre les paroles de la docteure Black : « Je suis profondément honorée et touchée par cette magnifique reconnaissance – c’est comme si ma mère avait passé le flambeau, et son service à la communauté et au pays est difficile à égaler! »