Une équipe de recherche du Consortium canadien en neurodégénérescence associée au vieillissement (CCNV) a fait une découverte capitale. Elle en a fait part dans une publication récente – la 100e du CCNV – où elle présente des résultats notables au sujet d’une importante protéine qui se dérègle dans les premiers stades de la dégénérescence lobaire frontotemporale (DLFT) et de la sclérose latérale amyotrophique (SLA).
Pour mettre cette découverte en contexte, considérez ceci : Lorsque nous allons bien, nous avons tendance à sous-estimer la complexité du grand nombre d’activités qui ont lieu à l’échelle des molécules, des organites sous-cellulaires, des cellules et de notre organisme en entier, qui donnent l’impression que nos pensées et nos actions sont toutes simples. La survenue d’une maladie révèle toutefois à quel point le fait de penser et d’avoir le contrôle de nos mouvements sont des phénomènes complexes. Et c’est d’autant plus vrai en présence de maladies qui touchent le système nerveux.
Or il s’avère que deux maladies redoutables, la SLA et DLFT, ont en commun la perturbation d’une protéine associée à l’incapacité de contrôler nos mouvements ou nos pensées (et, dans certaines formes héréditaires de ces maladies, pouvant même la causer).
La protéine en question est appelée « FUS » (de l’anglais Fused in Sarcoma). Bien qu’elle soit petite, elle a des effets marqués, particulièrement dans les cellules nerveuses, où elle est active à la fois dans le noyau (où elle régule la transcription de l’ADN en ARN) et aux extrémités de leurs branches (où elle régule la traduction de l’ARN en protéines). Bien des indices portent à croire que FUS est essentielle à la communication entre les neurones.
Cela nous ramène à une percée scientifique du siècle dernier qui est maintenant enseignée aux enfants : l’ADN donne naissance à l’ARN, et l’ARN, aux protéines. De nos jours, des découvertes nous permettant de mieux comprendre comment ces processus se déroulent représentent des percées importantes. Dans le cas des protéines, après avoir été fabriquées par l’ARN, celles-ci doivent se rendre là où elles seront utiles et, à cet endroit, demeurer actives. C’est ici que FUS entre en scène. Pour que cette protéine transporte l’ARN, elle doit changer de forme et de fonction (par exemple, passer d’une longue chaîne non fonctionnelle de billes à un état fonctionnel de gouttelettes ou de gel). Dans les cas où FUS est incapable de se transformer, elle pourrait être responsable de l’apparition de la SLA ou de la DLFT.
Le déroulement exact de ce processus a récemment été révélé par une équipe de chercheurs dirigée par le Dr Peter St George-Hyslop (Université de Toronto) qui a mené une série d’expériences élégantes, en collaboration avec des collègues de l’Université de Cambridge ainsi que d’autres chercheurs aux États-Unis et en Espagne.
Les résultats du Dr St George-Hyslop, dont les recherches sont soutenues par le CCNV (en particulier grâce à une bourse postdoctorale octroyée à l’un des deux co-auteurs principaux), ont été publiés le mois dernier dans la prestigieuse revue scientifique Cell. L’équipe y a présenté un rôle clé joué par FUS et les changements anormaux de sa forme et de sa fonction qui ont été associés à la SLA et la DLFT. Par le fait même, elle a expliqué les mécanismes précis d’apparition des maladies où FUS est impliquée, qui étaient inconnus jusqu’ici.
Comme tout bon travail scientifique, cette découverte soulève de nouvelles questions au sujet de la façon dont l’état anormal de la protéine entraîne des modifications plus vastes ainsi qu’à la façon de prévenir ces modifications. Fait intriguant, l’équipe a développé un moyen d’empêcher la synthèse de la protéine déréglée dans certaines parties des cellules nerveuses.
Cette découverte met en lumière un mécanisme commun aux maladies neurodégénératives, lié à la protéine FUS. Il s’agit d’un premier pas essentiel dans le long parcours qui nous mènera à comprendre comment utiliser ces connaissances à des fins thérapeutiques, un périple qui s’annonce laborieux. Mais grâce à ces travaux, toute la communauté scientifique peut faire un pas vers l’avant.
Ce n’est là qu’un échantillon des résultats que les chercheurs du CCNV ont publié jusqu’à maintenant. Consultez régulièrement notre base de données de publications à laquelle des articles sont constamment ajoutés et qui s’accroîtra considérablement lorsque les données de l’étude COMPASS-ND seront mises à la disposition des chercheurs du CCNV. Pour en savoir davantage sur les travaux percutants menés sur la protéine FUS, veuillez communiquer directement avec Peter St George-Hyslop, leader de l’équipe no 1, en cliquant ici.