Réagir aux symptômes comportementaux de la démence : nous devons faire mieux

« Chez un grand nombre de personnes atteintes de démence, leur comportement est plus difficile à traiter que le diagnostic lui-même. » Dr Nathan Herrmann

Nathan Herrmann
Dr Nathan Herrmann, M.D., FRCPC; chef de la Division de la psychiatrie gériatrique du Centre des sciences de la santé Sunnybrook
Krista Lanctôt
Dre Krista Lanctôt, Ph. D.; chef de la neuropsychopharmacologie et scientifique principale (Institut de recherche Sunnybrook); professeure de psychiatrie et de pharmacologie/toxicologie (Université de Toronto).
Dallas Seitz
Dr Dallas Seitz, M.D., FRCPC; chef de la Division de psychiatrie gériatrique et professeur adjoint à l’Université Queen’s

La démence peut teinter les pensées, les émotions, les attitudes, les mouvements et les perceptions de la réalité…

Touchant près de 90 % de tous les résidents des établissements de soins de longue durée vivant avec la démence, les symptômes comportementaux (SCD) peuvent se traduire par de l’errance, des questions répétitives, des épisodes de colère et de la dépression. Ces symptômes affectent non seulement la qualité de vie, mais ils augmentent aussi le recours aux médicaments et aux soins de santé.

Lorsqu’ils sont vécus quotidiennement, les SCD ont des répercussions sur la relation avec les partenaires de soins, les fournisseurs de soins de santé et les autres résidents. Par exemple, il peut être difficile d’aider une personne à accomplir des activités quotidiennes comme se laver, s’habiller, manger et faire sa toilette quand elle réagit négativement.

Les réponses traditionnelles apportées dans les résidences de soins de longue durée ont été guidées par la conviction qu’il est nécessaire de prendre en charge ces comportements afin de minimiser le risque qu’une personne se fasse du mal ou blesse quelqu’un d’autre. Par le biais de contentions environnementales et d’interventions médicales, les résidents ont été contentionnés à la fois physiquement et à l’aide de médicaments visant à réduire les comportements nocifs.

Ces pratiques sont de plus en plus contestées sous prétexte qu’elles ne respectent pas l’autonomie, le bien-être et la personnalité de la personne qui vit avec la démence. Sans oublier que l’efficacité globale de ces interventions est largement contestée.

Alors que la norme de référence, dans les résidences de soins de longue durée, consiste maintenant à réduire au minimum l’utilisation des contentions environnementales et des interventions médicales, comme le souligne le Dr Nathan Herrmann, c’est possible uniquement s’il existe des interventions psychosociales viables pour les remplacer. Après tout, il y a eu des accidents tragiques où d’autres résidents ont été gravement blessés par les résidents présentant des SCD.

Par conséquent, et grâce à l’appui du CCNV, les docteurs Nathan Herrmann, Dallas Seitz et Krista Lanctôt mènent l’équipe no 11, dont le projet consiste à évaluer l’efficacité des trois types d’interventions au sein d’un réseau de 30 résidences de soins de longue durée au Canada.

Ces interventions comprennent déterminer :

(1) jusqu’à quel point les médicaments traitent efficacement les SCD et effectuer des recherches sur des alternatives plus récentes et plus sûres en matière de médicaments;

(2) si l’utilisation d’interventions comportementales personnalisées, grâce à la technologie d’écran tactile, peut aider à réduire les symptômes comme l’anxiété et l’agitation; et

(3) si les habitudes de prescription du personnel de soins de longue durée peuvent être optimisées par des interventions éducatives, afin que les résidents ne reçoivent que les médicaments dont ils ont besoin.

Senile elderly man taking daily medicine at the nursing home.
(1) jusqu’à quel point les médicaments traitent efficacement les SCD et effectuer des recherches sur des alternatives plus récentes et plus sûres en matière de médicaments;

Actuellement, l’équipe évalue les ressources et les pratiques exemplaires utilisées par chaque résidence au sein de son réseau pour répondre aux besoins des résidents. Ces informations contribueront à déterminer si les ressources existantes peuvent être adaptées pour soutenir les interventions et fourniront également une base de référence pour comparer l’efficacité des interventions une fois qu’elles sont mises en œuvre.

Le docteur Herrmann souligne avec force que, avant d’administrer tout type d’intervention, une évaluation approfondie devrait être menée sur les raisons pour lesquelles une personne peut présenter des SCD.

 

Smiling older gentleman working on a tablet in his living-room
(2) si l’utilisation d’interventions comportementales personnalisées, grâce à la technologie d’écran tactile, peut aider à réduire les symptômes comme l’anxiété et l’agitation; et

« C’est seulement en comprenant d’abord l’origine du comportement qu’un professionnel de la santé peut tenter de déterminer s’il est le résultat d’un autre problème de santé, de médicaments, d’une réaction à l’environnement ou d’une manifestation de la maladie elle-même », explique-t-il.

 

Elder care nurse playing jigsaw puzzle with senior woman in nursing home
(3) si les habitudes de prescription du personnel de soins de longue durée peuvent être optimisées par des interventions éducatives, afin que les résidents ne reçoivent que les médicaments dont ils ont besoin.

En mettant l’accent sur les activités de la personne, son environnement et ses relations avec les autres, le docteur Herrmann suggère que les symptômes comportementaux de la démence ne sont pas imprévisibles, dénués de sens et seulement traitables par des médicaments. Par conséquent, il reconnaît le rôle essentiel que le personnel des résidences de soins de longue durée peut jouer en reconnaissant et en évitant les situations qui peuvent déclencher des SCD.

 

Bien que renverser de profondes cultures de pratique ne se fera pas du jour au lendemain, les recherches de l’équipe no 11 contribueront grandement à soutenir les lignes directrices, les politiques et les normes de pratique qui mettent moins l’accent sur les tentatives à court terme de freiner le comportement et davantage sur le bien-être psychologique et psychosocial des résidents.

 

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